Le duo...
La rencontre sur les planches entre Jacques Bonnaffé et François Corneloup n’est pas exactement une lecture musicale, non plus un concert avec récitant.
Cela ressemblerait plutôt à une sorte de bousculade artistique fraternelle, quelque chose entre la collision d’atomes dans un accélérateur de particules et une bande du carnaval de Dunkerque, bref, une fraternelle accolade du texte et de la musique.
Chacun y apporte son pêle-mêle, l’un, son histoire du saxophone improvisé ou même son histoire improvisée du saxophone, l’autre, son collectage méticuleux de textes poétiques choisis à l’instinct de l’instant parmi une multitude de pages volantes et de mémoire dont il connait parfaitement le désordre, orienté par l’amour des mots et des auteurs.
Même s’il nourrit sa vigueur d’une certaine rudesse, ce duo en forme de fatras sonore n’exclut jamais la délicatesse, l’écoute, la tendresse et la caresse du silence. La gamme sensorielle est large et bigarrée, de l’oreille tendue aux chants d’oiseaux jusqu’à la densité charnelle et tribale de la marche des Gilles de Binche…, les alliés de la plume sont Ponthus, Verheggen et tant d’autres fomenteurs d’humanisme.
Au fond il s’agit du dialogue de deux êtres humains qui transforment en spectacle leur souci du monde, une sorte d’alerte poétique lancée à qui veut l’entendre.